Pendant ma formation d’éducatrice de jeunes enfants je souhaitais partir faire un stage à l’étranger pour observer en quoi la culture agit les pratiques éducatives.
Les circonstances m’ont amené à partir pour l’orphelinat Tazzanine à Agadir.
J’ai franchi son portail jaune le mardi 2 octobre 2018. Là-bas, on ne parle pas d’orphelinat ou de foyer pour enfants mais de la crèche de l’hôpital. Impossible de reconnaître l’existence de ces enfants car beaucoup d’entre eux sont des naissances hors mariage. Les parents, s’ils se déclarent comme tels, peuvent être emprisonnés.
Je suis partie avec Clotilde qui est aussi membre de l’association aujourd’hui. La visite de l’orphelinat commence par la chambre des bébés. Une grande pièce avec deux rangées de lits, soit au total 16 enfants de 0 à 9 mois. Je me souviendrai pour toujours à quel point j’étais émue à cet instant. Perdue, triste, en colère, admirative et heureuse d’être là avec eux voilà tout ce qui me traversait.
Les professionnelles nous demandaient d’adopter leurs pratiques mais il était impossible pour nous de l’accepter car elles étaient trop éloignées des nôtres. Par exemple, les enfants ne sont pas nourris dans les bras, les trotteurs et youpala sont beaucoup utilisés puis la fréquence et les techniques de change sont très différentes…
Au bout de quelques jours, l’équipe nous laisse la possibilité de donner les biberons aux enfants de moins de 3 mois. Nous pouvons alors leur proposer un temps d’interactions privilégiées à chacun de ces enfants. Chaque rencontre est alors unique et intense.
Pendant notre stage, nous avons eu la joie de voir un bébé partir dans sa famille adoptive. La réalité a vite chassé ce moment de bonheur car nous avons accueilli deux nouveaux bébés dès le lendemain.
Quand je vois ce petit être dans son grand lit à barreaux, je ne peux qu’être saisi par sa fragilité et sa force de vie.
Malheureusement le constat est là, les moyens matériels et humains de l’association sont plus qu’insuffisants pour permettre à l’orphelinat d’accompagner singulièrement chaque enfant.
De retour en France, pouvoir continuer à aider ces enfants à grandir en attendant pour les plus chanceux de trouver une famille était évident. J’ai alors rejoint la grande famille Ikraa !